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Mais oui, mon bon vieil adage est toujours mien :

"Prends et puise ta force en toi, n'aie plus peur de te regarder, de t'accepter, sois vraie. Aie confiance en toi, cesse de trop diriger les rênes.

Tu n'es pas de cette eau et de ce bois.

Eh oui, tu es l'inconstante, la faible, l'instable,

l'enthousias¬te, la folle, la sensée, la déprimée.

Oui et alors ?, qu'en peux tu ?"

Tu as trop essayé de donner de toi une image idéale, de te mouler dans le récipient que la société a prévu pour toi.

Conclusion : ça a tellement bien marché qu'on te fuit, et même pire, tu n'attires plus.

J'entends parler de l'attirance de l'esprit.

Et tu en souffres d'autant plus que tu n'es pas toi-même, que tu es triste à pleurer et même à faire pitié.

Qu'attendais-tu donc à jouer ce rôle ?

Au juste, qui as-tu leurré ? Qui as-tu rallié ?

Et oui, triste bilan ; les cons, les paumés, les comme toi, les pas-vrais, les complexés !

Etait-ce cela que tu voulais ?

Non, et tu le sais.

En voulant trop te prémunir, trop te ménager, tu vis dans l'angoisse journalière que chaque jour apporte une catastrophe.

Qu'y changera la révolte contre celui que tu rends responsable !

Une échéance supplémentaire tout au plus.

Tu sais au fond de toi-même que ta vie, c'est le flirt avec la mort.

Et ça n'est pas pour te frustrer ni pour te dresser que ton amante te recommande la prudence en t'engueulant lorsque tu ne dors pas, tu ne manges pas, que tu te joues de ta santé.

Ca n'est pas pour te blesser ni par égoïsme qu'il te conseille de te ranger.

Mais tu l'as compris. Il sait les désirs qui t'animent.

Il connaît ton goût pour les risques et il a peur, pas seulement de te perdre, mais il croit te sauver d'un précipice que tu regardes de trop près ; connaissant par ailleurs ton vertige, c'est par amour qu'il te retient et toi tu joues avec ses angoisses, parce que maintenant tu as suffisamment de preuves de sa fidélité.

Oh, ne crois pas qu'il t'ait attachée par faiblesse ou par crainte de l'aventure.

Mais non, il t'aime et il t'a choisie.

Bon, il n'est pas question de confession ni de repentir, parce que toi aussi tu l'aimes.

Même si tu le déchires, même si tu le fais souffrir, il accepte parce que tu es au moins toi-même.

Même si ça peut lui paraître le beau rôle, il ne sait pas que toi aussi tu souffres et que le déchirer te fait mal.

En dépit de cette réalité il tient bon, il s'accroche.

Je veux t'épargner toute platitude en te répétant ce qui a été mille fois répété par le monde.

Tu es beau, beau d'amour, beau de tendresse, beau de souffrances.

Tu es moi, je suis toi.

Je t'aime et je me donne comme je suis,

même si en ce moment je suis une contrainte et non un cadeau.

A travers tes yeux, ton regard, je suis, j'existe, je suis importante, je suis ton pain et tu me nourris ; d'amour vrai.

Tu respectes la fille pénible, odieuse, horrible et égoïste.

Tu te donnes tout entier sans restriction, pas par faiblesse je le répète ni par gratuité.

Parce qu'un jour d'hiver nous avons été les amants les plus puissants du monde, les plus fous.

Nous avons tout été et nous ne sommes qu'un esprit avec ses divergences ; avec l'alliage des multiples facettes de nos qualités.

J'ai envie de te dire tout ça ; mais pas avec des mots !

Les mots, je les garde entre moi et moi pour mieux me donner, pour mieux te faire jouir.

Je veux par mes seules mains, mon seul regard te faire rayonner, te renaître à ma vie.

Je ne t'ai plus rien donné depuis si longtemps.

A force de t'imposer mon angoisse de la mort, j'ai fini par mourir à petit feu !

Mourir, mourir, mourir, mourir et hop, fini !

Ca suffit comme ça.

Et toi, je t'avais oublié.

Ah, mais non, sauf pour te faire du chantage avec ma santé.

Je t'ai utilisé pour me plaindre, en grossissant mes maux.

Quelle folle et quelle salope ! c'était si facile et si tentant.

Je vous le dis chers amis, j'ai un compagnon merveilleux, il est aux petits soins, il s'inquiète, se fait du souci et m'écoute.

Mais lui il a intérêt à s'écraser.

Je vous le dis, je l'ai dressé ! Il me fait tout ce que je lui demande.

Je ne le fais pas marcher à la baguette, tout de même peut-être à la braguette, mais ça n'est pas nécessaire.

Seule l'autorité de ma voix suffit.

Que je suis une femme puissante !

Vous rendez-vous compte, moi réussir à faire marcher au doigt et à l'oeil et à mettre à mes pieds un homme aux qualités exceptionnelles, envié de bien des filles, apprécié de bien des hommes.

Ah, mais c'est que je suis quelqu'un, moi !

Moi qui avais tant de complexes d'infériorité, j'ai réussi à les faire encaisser par celui qui m'était supérieur et qui l'est encore.

Quelle glo ire, il est vrai, c'est moi qui encaisse tous les bénéfices apportés par ses qualités.

Il est ma victime, je suis son bourreau mental.

Ah, que je me sens puissante !

Je le fuis en me cachant derrière la télé et quand le manque de communication me devient insupportable,

je condamne son penchant pour la télévision.

Je le remets en cause, lui, et je le culpabilise, lui !

Comme c'est aisé, comme c'est facile, je me vautre dans un dialogue de complaisance et je le culpabilise avec tellement de sincérité que je finis par me convaincre qu'il est seul coupable des maux que je me suis créés.

Je lui fais passer des nuits blanches en découchant.

Certes sans le tromper, mais quand au petit matin je rentre avant de repartir, il n'a rien à dire, il a à m'écouter, il a à accepter sans broncher.

Comme ça ne te suffit pas, il faut trouver encore de quoi frapper, de quoi faire mal en l'insécurisant.

Belle réalisation : le rendre dépendant en étant indispensable, et une fois lié, lui asséner un coup tout juste assez fort pour le rendre impuissant à se révolter.

Et puis plus tard, déplorer son manque de dynamisme et de révolte.

Ne rien lui laisser faire pour pouvoir ensuite lui reprocher son manque d'activité, son absence de participation.

C'est diabolique, ignoble et sadique. C'est tout à la fois.

T'en souviens- tu ? tu frisais le mépris, tu réclamais du sang sous formes de larmes.

Mais tu n'as pas eu de larmes.

Tu n'as pas eu de spectacle de déchéance et d'abandon, tu t'étais presque dirigée vers la porte ! ta valise remplie de trois bricoles pour faire illusion, tu es sortie croyant qu'il te rattraperait.

Et là, tu aurais dit : "Mais c'est un jeu, que tu peux être ridicule, encore une fois je te prends en flagrant délit d'imbécillité".

Il n'a pas marché, bien décidé à ne pas caler cette fois.

Le truc était un peu usé.

Tu n'as même pas eu le courage d'avouer que c'était un jeu, un jeu de con.

Ces larmes que tu réclamais, les larmes, tu les as eues.

Mais il se garde bien de les montrer.

Elles coulent en lui, elles inondent sa vie, elles empoisonnent son sourire et le fige.

Elles tuent sa vitalité.

Il pleure en lui, il ne te fera pas l'aumône de t'abreuver pour nourrir ta bestialité

des heures néfastes pour sa santé.

Tu en as fait un malheureux.

Tu as fait de lui celui qui demande en sachant qu'il n'y a pas meilleure assurance de sa fidélité.

Je ne souffre pas de me dévoiler, de me donner en pâture, je me libère du poids des années, du poids de mes méfaits.

J'ai aidé artificiellement, par un concours extérieur, à oublier les besoins de mon corps fatigué et éprouvé pour que mon esprit parle sans peur ni crainte et surtout sans limite de ce qui le tracasse, de ce qui l'encombre, pour lui donner libre cours, sans ta présence que j'aurais qualifiée d'oppressante, frustrante, pesante et peut-être aliénante.

Certains sortent en cachette le soir pour une réunion imaginaire et vont se noyer dans l'alcool pour tromper la monotonie de leur vie de tous les jours.

Ils se donnent un soir l'illusion d'être forts et puissants.

Mais au petit matin, le ventre leur fait mal, sans doute l'alcool.

Heureusement, pensent-ils, c'est exceptionnel, ça leur fait supporter pour quelque temps la tristesse de leur vie et repousse l'échéance d'une mise au point avec eux-mêmes.

Alors pour quelques jours et quelques nuits ils oublient leurs paris !

Ils oublient la raison de leur fuite, mais sont satisfaits, et se contentent de leur vie !

Elle n'est pas si mal, tout bien réfléchi !

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